UNE FIN DE CYCLE INATTENDUE

 

 

16 septembre 2023

 

RETOUR SUR UN DÉBUT DE SAISON CONTRASTÉ

De la mi-mai à la mi-juin, les conditions météo ont été particulièrement perturbées sur le sud de la France, avec une succession de journées au temps lourd et orageux, finissant fréquemment par des orages en soirée. Mais tous les vignobles n’ont pas été logés à même enseigne, les cumuls ci-dessous reflètent le gradient décroissant de la Vallée du Rhône (bien arrosée) à l’ouest du Languedoc (qui était déjà très déficitaire en recharge hivernale) :


Sur le cordon littoral Sète-Agde-Narbonne, les cumuls sont parfois même inférieurs à 50 mm sur ces 2 mois. Localement, ces orages se sont accompagnés de grêle, causant des dégâts qui ont cicatrisé sur baies « vertes », mais qui ont pu entraîner des pertes significatives de récolte. Parmi les plus notables : orages le 24 mai sur le Nord Montpelliérain, le 12 juin sur St Jean de Minervois, Lauret, les Côtes de Thongue, Caux, le 13 juin autour de Carpentras.

Côté températures, les mois de mai et juin présentent des températures douces à chaudes (mai) ou assez chaudes à très chaudes (juin), avec pour l’Hérault par exemple en juin un écart à la moyenne allant de 0,9°C à 2,7°C selon les secteurs). Mais on n’atteint pas les moyennes élevées de 2022 sur ces deux mois, et surtout sans pic de chaleur trop précoce cette année (source Infoclim34).

 

PARTOUT, UNE FLORAISON PLUTÔT HARMONIEUSE

Malgré la sécheresse de début de saison, puis une météo passablement perturbée, la floraison et la nouaison se sont plutôt bien déroulées, sans coulure marquée. Même si le grenache a pu couler de manière significative tout de même, sur certains secteurs des Côtes du Rhône ou de St Chinian.
Sur les terroirs où les pluies ont été abondantes et/ou sur parcelles irriguées précocement, la sortie déjà régulière, la bonne floraison et l’eau ont entraîné un net grossissement des baies et des grappes, et un développement assez harmonieux des surfaces foliaires. C’est le cas globalement pour la Vallée du Rhône, le Gard, le Montpelliérais-Pic Saint Loup, la moyenne vallée de l’Hérault.
Sur les zones les plus sèches (bande littorale Sète-Narbonne surtout), la charge va rester correcte, mais avec des baies de petite taille, et surtout des végétations en arrêt de croissance très tôt, et qui n’occupent pas tout le plan de palissage (vignes souvent non écimées même).
Les secteurs de Coteaux (Faugères, Minervois, St Chinian, Côtes de Thongue) présentent des situations intermédiaires.

Côté sanitaire, c’est surtout le mildiou qui a marqué la saison : apparu assez tard à la mi-juin, il a pu localement occasionner des pertes significatives sous forme de rot brun sur merlots, grenaches, carignans (Vallée du Rhône, nord du Gard et moyenne Vallée de l’Hérault notamment).
L’humidité du printemps a par ailleurs été très favorable aux vers de grappes : eudémis et surtout cryptoblabès ont été très présents dès le mois de juillet et pas seulement sur la bande littorale habituelle. La surveillance est encore de mise pour cryptoblabès.

 

UN ÉTÉ PLUTÔT FRAIS, JUSQU’AU 21 AOÛT…

La véraison a démarré vraiment entre le 15 et le 20 juillet. Les températures du mois de juillet n’ont pas été caniculaires en Languedoc (elles l’ont été davantage en Vallée du Rhône) ; les premiers contrôles de maturité sur muscat et chardonnay avant le 15 août ne battaient pas de record de précocité (contrairement à 2022).
La vague (le « dôme ») de chaleur qui a touché toute la France et plus fortement toujours le sud du 21 au 25 août a modifié toutes les prévisions : 3 à 4 jours avec des températures autour de 40-42° on été enregistrés dans les terres, entraînant une forte charge en sucre dans les baies (plus de 2 degrés ont pu être pris sur la période). C’est une maturation par concentration, mais qui a obligé vignerons et caves à réagir vite (avec des raisins chauds même la nuit, des groupes de froid sur-sollicités…).
Cette accélération des maturités a concerné surtout les blancs, mais aussi les rouges précoces (syrahs, merlots) dont une bonne partie est déjà en cave. On a déjà connu ces fins de mois d’août chaudes, entraînant des concentrations de baies, mais l’ampleur semble inédite cette année. Les conséquences au vignoble sont également bien visibles avec des souches en souffrance, défoliées avec dessèchement de baies.

Syrah défoliée (St Chinian)

 

DES VENDANGES TRÈS DIFFÉRENTES SELON LES SECTEURS

Les 10 premiers jours de septembre ont été à nouveau exceptionnellement chauds en France, mais à l’échelle de la région, les températures ont été plus raisonnables qu’ailleurs en journée. Et surtout avec des nuits relativement fraîches (les raisins vendangés en fin de nuit sont redescendus à 17°C, loin des 25°C de la fin du mois d’août). Même si la chargement en sucre a été alors beaucoup plus lent, et les conditions plus favorables à la maturation phénolique, les vendanges se sont poursuivies avec peu de moments de pause. Dans les prochains jours, les cépages tardifs cabernet, mourvèdre et carignan vont rentrer en cave (si ce n’est déjà fait !).

La situation est bien différente sur l’est Languedoc et dans la Vallée du Rhône : moins soumis au stress hydrique du printemps, plus tardifs aussi, ces vignobles semblent avoir beaucoup moins subi l’effet « accélérateur » de la vague de chaleur du 21-25 août. Les maturités sont plus lentes à se mettre en place, et on respecte finalement le caractère « normal » des dates de récolte initialement prévues. Blanc et rosés ont été plutôt vendangés début septembre, les syrahs et merlots viennent d’arriver dans les caves, les grenaches mûrissent doucement.
La météo, après une longue période anticyclonique, semble se dégrader à partir des prochains jours, avec des épisodes de pluies à la fois attendus pour recharger les réserves et redoutés pour les raisins restant à récolter.

 

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