STS France : clarification du vin sans intrants grâce aux centrifugeuses

Déployée en France et en Occitanie depuis 2012, la société australienne STS (Separator Technology Solutions) développe des centrifugeuses qui permettent de clarifier les jus et les vins sans intrants. Rencontre avec Jean-Luc Faure, responsable de STS France.

Jean-Luc Faure, responsable de STS France

Comment votre groupe spécialisé dans les centrifugeuses pour le milieu vinicole a vu le jour ?

La maison mère de Separator Technology Solutions est basée en Australie.

Jusqu’alors, le marché de la centrifugeuse était piloté par deux grosses sociétés au sein desquelles le vinicole ne représentait que 2 % de l’activité. Ashley Whittington, Australien fondateur de STS, est issu de cette industrie. Il a décidé de tenter sa propre aventure en développant des centrifugeuses spécialisées dès le départ pour les jus et le vin. Le groupe est né en 2006. Il a ensuite développé des filiales aux Etats-Unis, en Afrique du Sud, en France en 2012, puis en Amérique du Sud.

Ashley Whittington voulait s’entourer de personnes ayant l’expérience du secteur vinicole français et du matériel, c’est pour cela qu’il m’a proposé de participer au lancement de STS France, qui est maintenant basé à Villeneuve-les-Béziers.

Comment STS a fait avancer la technologie de la centrifugeuse, déjà existante à sa création ?

Pendant 40 ans, les centrifugeuses étaient simplement capables de travailler les vins après fermentation, et ayant une concentration solide faible.

STS a développé des machines avec des capacités de travail qui n’avaient jamais été atteintes jusqu’alors. Ces évolutions permettent de repositionner l’outil centrifugeuse beaucoup plus en amont de la chaîne de production. Les centrifugeuses STS peuvent clarifier les jus, moûts, bourbes avec de grosses charges en matières solides et bien sûr, d’une manière fiable durable et performante.

Quels sont concrètement les avantages des centrifugeuses développées par STS ?

Avant, la clarification des jus ou des bourbes était uniquement réalisée avec des outils gros consommateurs de terre. Les méthodes les plus répandues étaient des filtres rotatifs sous vide demandant l’utilisation d’intrants. Il faut savoir que la clarification de 1 hl de jus nécessite jusqu’à 1,2 kg de terre, c’est-à-dire un volume de rejet considérable en fin de journée.

STS apporte de nouvelles solutions de « nettoyage » des jus et des vins beaucoup plus efficaces et éco-responsables.

Nos centrifugeuses permettent de n’utiliser aucun intrant et de récupérer un maximum de matière et de jus, tout en étant capable de maitriser ce que l’on souhaite récupérer. Mais aussi de concentrer la saleté présente dans les jus et de ne rejeter que ce qui doit l’être. Cela permet de retraiter les rejets via recyclage en distillerie.

La technologie STS offre une économie de consommable (pas de terre de filtration nécessaire), moins de perte en vin ou jus car la terre absorbe environ à 1,5 litre de vin / kg , une économie de main d’œuvre car la centrifugeuse demande trois fois moins de présence qu’un filtre sous vide, mais aussi une consommation en eau mieux maitrisée.

Le pilotage du matériel via un variateur de fréquence permet des phases de démarrage ou d’arrêt progressives sans pic d’intensité et donc une consommation électrique maitrisée.

La maîtrise du seuil de clarification est aussi bénéfique au profil des vins ?

Le niveau de propreté du jus va effectivement définir le profil du vin qu’on va élaborer. On s’est aperçu que plus on clarifiait les jus, plus le profil vin se standardisait ou du moins s’orientait vers  « des notes technologiques ». C’est ce que peuvent rechercher certains clients. Mais nous sommes aussi dans une période où chaque producteur essaie de se démarquer. Il est donc important de conserver la mise en avant du terroir et l’aspect variétal du cépage au lieu d’arômes très technologiques.

C’est clairement le retour positif que nous transmettent nos clients intéressés par des produits plus marqués. Grace à sa technologie STS permet d’adapter la clarification en fonction du profil recherché.

Qui sont vos clients en France ?

Actuellement, nous avons 45 installations de machines dans le Sud de la France, à 98 % dans des caves coopératives. Car le seuil de rentabilité du matériel nécessite un minimum de volume : il commence à 10/15 000 hectolitres. Pour une machine, il faut compter entre 170 000 € et 350 000 € d’investissement; l’amortissement est rapide.

Nos producteurs ont toujours été en recherche qualitative. L’Occitanie est techniquement une région vinicole trés avancée. Car elle a toujours cherché des solutions pour sortir des crises qu’elle a connu au fil des ans.

Malgré la crise, comment envisagez-vous l’avenir et le développement de STS France ?

Aujourd’hui, la centrifugeuse va permettre de remplacer un outil vieillissant qu’est la filtration sous vide ou proposer une alternative à la filtration tangentielle. On sait que le marché existe, mais il est encore très difficile de se projeter en 2025. On essaie de se concentrer sur le Sud de la France bien que l’on s’éloigne de plus en plus de nos bases, en fonction de la demande. En 2024 nous sommes allés au Portugal. En 2025, des producteurs espagnols nous sollicitent pour s’équiper.

Depuis quand êtes-vous membre de Vinseo ?

J’ai participé  à la création de la structure STS France en 2012. L’adhésion à VINSEO s’est fait presque naturellement. Nous avons été parrainés par Xavier Pera (Établissements Terral).

Nous avons rejoint Vinseo dans l’optique de bénéficier de la synergie d’un réseau pour être capable de partager et d’avancer sur le marché.

C’est un grand confort d’avoir un support logistique pour la communication et les salons. Grâce à VINSEO nous accédons à des manifestations, auxquelles nous ne participerions peut-être pas si nous étions seul. Y être collectivement nous convient très bien.