En première ligne sur la question du changement climatique, Groupama Méditerranée accompagne la nouvelle réforme de la gestion des risques climatiques avec la mise en place d’une assurance MRC revue et corrigée qui entend rééquilibrer les responsabilités entre exploitants, assureurs et Etat. Nous faisons le point avec Nicolas Assemat, Président de Groupama Méditerranée.
Groupama est un acteur historique et leader de l’assurance agricole. Vous êtes aujourd’hui un assureur généraliste avec une forte présence sur les territoires. Comment est née cette spécificité ?
Notre Groupe a pris racine avec ses agriculteurs qui, depuis l’origine, se sont regroupés pour s’entraider et mieux protéger leurs exploitations des aléas de la vie. Aujourd’hui, ces communautés d’entraide sont représentées par 11 caisses régionales et 2 700 caisses locales réparties sur la France entière. Elles confèrent à Groupama une présence unique sur le terrain, au cœur des territoires. Au service de près de 6,5 millions de clients-sociétaires, qu’ils soient particuliers, agriculteurs, professionnels, entreprises, associations ou collectivités.
Groupama Méditerranée regroupe 14 départements représentés par 240 agences commerciales, 1 430 collaborateurs et plus de 2 300 élus. Cet ancrage territorial nous permet de rester un acteur important du monde rural. Nous sommes encore aujourd’hui le premier assureur du monde agricole, mais aussi leader sur le marché des collectivités et de l’assurance santé.
Dans le monde agricole, la question des aléas climatiques reste la préoccupation numéro 1 des exploitations. Vous avez été le premier assureur à avoir proposé une assurance Multirisques Climatiques (MRC), lancée par Groupama.
Notre caisse a toujours anticipé les besoins de ses sociétaires sur le volet agricole et notamment sur le secteur viticole. Nous avons expérimenté, puis lancé, dès l’an 2000, des contrats d’assurance adaptés à la demande pour les caves coopératives. Avant cela, il n’existait pas de produits d’assurance pour couvrir les coûts de production en cas de perte de récolte pour aléas climatiques.
Il y avait un réel besoin de la profession de créer un produit d’assurance « coup dur ». Il s’est développé petit à petit en fonction des appellations et des vignobles français.
Aujourd’hui, en ex-Languedoc-Roussillon, l’assurance MRC est beaucoup plus représentative dans le milieu viticole que dans d’autres régions. Notre région est plus sensible aux aléas climatiques, à la fois en termes de fréquence, que d’intensité.
La loi du 2 mars 2022 sur la réforme de la gestion des risques climatiques est entrée en vigueur le 1er janvier 2023. Qu’est-ce qui a déclenché cette prise de conscience ?
Après l’évènement inédit de gel d’avril 2021 les assureurs et la profession ont souhaité mettre en place un modèle assurantiel qui favorise une véritable solidarité nationale, comme cela existe depuis près de 40 ans en Espagne. Aujourd’hui, une année sans événement climatique peut être considérée comme une année exceptionnelle. Cette gelée noire a marqué les esprits, car elle a touché l’ensemble du monde agricole français, là où un épisode de grêle a, en général, un impact plus limité.
Que change la loi vis-à-vis de ce qui existe déjà en matière de protection agricole ?
Le nouveau régime repose sur deux grands principes : la solidarité nationale et l’universalité.
Il se traduit par un système de couverture à 3 niveaux. Le premier, bien entendu l’agriculteur, qui porte une partie du risque au travers de la franchise.
Pour les pertes intermédiaires, ce sont les assureurs qui interviennent au travers de la Multirisques Climatiques (MRC). L’ambition de la loi est de rendre la nouvelle MRC accessible à tous. C’est le principe d’universalité.
Enfin, le 3ème niveau, c’est l’État. Il va intervenir pour toutes les cultures pour les pertes exceptionnelles, à travers un fonds de solidarité national qui joue le rôle de garantie publique pour les assurés et les non assurés. La dotation de ce fonds par l’Etat sera portée à 680 M€ contre 300 M€ actuellement. A noter que pour les non assurés, l’intervention du fonds se fera, mais dans une moindre mesure.
Le monde viticole est-il mieux préparé à cela ?
Au niveau national, 32 % des surfaces viticoles sont assurées, contre 17 % des exploitations toutes filières confondues. L’objectif de la réforme est d’assurer 60 % des surfaces viticoles en multirisques climatiques d’ici 2030.
Comment inciter les agriculteurs non-assurés à le faire s’il existe un fonds de solidarité national ?
Sur les trois prochaines années, le soutien de l’Etat sera dégressif. Le taux d’indemnisation par l’État pour les non assurés est de 45 % en 2023, puis 40 % en 2024 et sera de 35 % en 2025.
Côté profession, nous souhaitons que tous les assureurs se mettent autour de la table pour établir un tarif technique homogène, via la création d’un pool d’assureurs.
Enfin, il faut souligner que selon les cultures, le niveau de protection des capitaux et le montant de la franchise, le coût d’une assurance après subvention, peut varier de 40 à 200 € l’hectare. C’est un tarif qui reste accessible, et qui est comparable, à titre d’exemple, au coût moyen d’un traitement phytosanitaire.
Groupama Méditerranée a adhéré à Vinseo début 2022. Pour quelles raisons ?
Groupama Méditerranée est un OPA, un organisme professionnel agricole, au même titre que les Chambres d’Agriculture et les syndicats. Se nourrir des besoins des agriculteurs, être en lien avec la profession et avoir un retour d’expériences sont essentiels. Un contrat d’assurance n’est jamais figé. Il faut savoir le faire évoluer. Aujourd’hui tout va vite : le social, le climat, les clients bougent. En tant qu’acteur du territoire, nous souhaitons apporter notre pierre à l’édifice du secteur agricole et partager sur les enjeux et les défis à venir.
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