La Présidente de la Région Occitanie a accordé une interview exclusive à VINSEO. De l’emploi dans le secteur vitivinicole à l’innovation en passant par les spécificités de la vigne en ex-Languedoc-Roussillon, Carole Delga répond à toutes les questions que l’on se pose… sans détour.
Comment voyez-vous aujourd’hui le rôle des clusters, tels que VINSEO, pour développer l’emploi en région ?
Les clusters font partie intégrante de l’écosystème régional pour favoriser le développement des entreprises dans des secteurs d’activités ciblés et stratégiques pour la région. Partant souvent du constat que les entreprises ont besoin de se fédérer pour répondre à des problématiques transversales communes : formation, veille économique, scientifique et technologique, logistique, international… Le rapprochement d’entreprises sous forme de clusters apporte une réelle expertise sur la chaîne de valeur d’une filière et accélère la performance des entreprises. VINSEO qui enregistre un doublement de son nombre d’adhérents, aujourd’hui à 90, et qui a notamment élargi son champs d’actions à l’innovation, en est l’un des meilleurs exemples en Occitanie.
Nous sommes la première région exportatrice de vins, comment drainer plus de toutes petites entreprises vers l’exportation justement ?
Le tissu économique régional est caractérisé par la prédominance des petites et moyennes entreprises, les entreprises de moins de 10 salariés représentant 95 % d’entre elles. C’est pour cette raison que la politique économique que nous menons est particulièrement axée sur l’accompagnement, le développement, la croissance et l’internationalisation de ces TPE-PME.
Comment la Région accompagne-t- elle les entreprises du secteur viticole ?
Nous avons élaboré de nouveaux modes d’accompagnement qui répondent aux besoins de ces entreprises, comme le Pass Agro- Viti, spécialement élaboré pour les TPE-PME du secteur viticole, qui leur permet d’étudier l’accès à un nouveau marché, de recruter un Vie (Volontaire à l’international en entreprise) ou d’acquérir un équipement particulier. Ou bien encore le Contrat Agro-Viti pouvant porter sur tous les leviers avec un montant total d’aides de 750 000 € (équipement, recrutement, Fonds de Roulement et garantie bancaire). Enfin, parce que l’Export nécessite d’aborder les marchés « en meute » et non de façon isolée, nous misons sur le collectif avec l’Agence de développement économique Ad’Occ qui accompagne les entreprises directement sur les marchés (salons internationaux, rencontres d’affaires, concours et prospection). Mais également avec nos partenaires, et en particulier les Interprofessions viticoles. Une convention a été signée en décembre dernier entre l’IVSO, le CIVL, le CIVR, InterOc, l’Agence Ad’OCC et la Région afin de mettre en synergie toutes les actions de promotion et d’export au profit des entreprises du secteur (InterRhône rejoindra cette convention en 2018, ndlr). Elle va permettre de mener haut et loin les vins d’Occitanie – Sud de France.
En matière d’agriculture, la région toulousaine est plus axée sur la céréale ; l’ex-Languedoc-Roussillon bien plus sur la vigne et le vin. Comment rassurez-vous l’ex-Languedoc-Roussillon pour, qu’à terme, la vigne et le vin ne soient pas oubliés ?
Je ne cesse de le dire, la région Occitanie est une terre de vin : premier vignoble au monde sous Signe officiel de qualité. Elle exporte son vin dans le monde entier, comme ses avions et sa gastronomie. L’agriculture et l’agroalimentaire, dont la viticulture, sont les fers de lance de l’économie régionale, notamment à l’international. C’est bien l’ensemble de ces productions, bénéficiant d’une grande notoriété par leur qualité et leur ancrage territorial, que je souhaite mettre en avant. Du patriotisme économique du « Produits en Occitanie », jusqu’à la conquête des marchés sous bannière commune Occitanie – Sud de France, nous défendons toutes les productions, de l’Est comme de l’Ouest de notre territoire. Il n’y a aucune crainte à avoir sur ce point, nous le démontrons tous les jours.
L’Occitanie compte quelques entreprises en pointe, au niveau mondial, dans leur secteur (Diam Bouchage, itk, Frayssinet, Péra-Pellenc…). Que pensez-vous de ces entreprises et comment les accompagner au mieux ?
Ces entreprises de pointe, adhérentes de VINSEO, sont bien connues des services de la Région et ont bénéficié de notre soutien en matière d’innovation. Elles contribuent à la structuration d’une véritable filière d’équipementiers et de fournisseurs de produits à forte valeur ajoutée pour le monde vitivinicole. Leur expertise technique et leur ouverture au niveau international participent également au rayonnement de la région Occitanie. Par ailleurs, une palette de dispositifs a été créée pour accompagner les projets d’innovation et les entreprises dans toute leur phase de développement (preuve de concept, faisabilité, R&D et pré- industrialisation).
La 14e édition de Vinisud a valorisé l’innovation, l’identité des vins et des terroirs, et le développement durable. Quelle est la position, justement, de la Région en matière d’innovation dans le secteur de la vitiviniculture ?
En tant que première région viticole de France, nous souhaitons soutenir toutes formes d’innovation du secteur vitivinicole dans le but d’assurer sa promotion au niveau national et international, et cela en complémentarité avec les spécificités traditionnelles de la filière. Cette innovation doit, non seulement garantir voire améliorer la qualité organoleptique des vins issus de terroirs spécifiques à l’Occitanie, mais plus globalement contribuer au développement économique de l’ensemble de la filière, depuis les viticulteurs ou les coopératives jusqu’aux équipementiers et fournisseurs représentés par VINSEO. Grâce à l’innovation, l’Occitanie bénéficiera, à terme, d’un rayonnement mondial équivalent à celui d’autres vignobles français historiquement reconnus.
Publié le 7 mars 2018
NDLD : La Région Occitanie Pyrénées Méditerranée soutien l’association VINSEO depuis sa création en 2007