JABB® : "un système simplissime pour prolonger la vie des barriques… et pas que !" • Vinseo

Simple, économique, durable. C’est ainsi que Fabrice Eygreteau résume son invention JABB®, pour Just A Breath on Barrels (Juste un souffle sur les barriques). Une « canne » en acier inoxydable, munie d’un échangeur en silicone, qui s’intègre directement par le trou de bonde de la barrique, produisant une micro-oxygénation. Explications avec son fondateur.

Fabrice Eygreteau, que permet JABB®, votre invention qui rallonge le temps de vie des barriques ?

Je rétablis ou crée une micro-oxygénation dans tout type de contenant, dont les barriques en bois grâce à une canne qui s’intègre dans le fût à la place de la bonde. Elle s’adapte à des contenants de 225 à 600 litres, ainsi qu’aux cuves et foudres.

Il existe trois versions de perméabilités : JABB Ultra (18 mg/l/an d’O2 pour un fût de 225 l), JABB Classic (9 mg/l/an d’O2 pour un fût de 225 l) et JABB Subtil (4,5 mg/l/an d’O2 pour un fût de 225 l). Le JABB® SPECIAL permet, lui d’équiper de gros contenants et/ou de créer de fort apport d’oxygène dans le liquide élevé.

Comment avez-vous eu cette idée de génie, simple et révolutionnaire ?

J’ai brassé pas mal de fûts durant ma carrière. J’ai été directeur de propriétés dans le Bordelais et dans les Corbières pendant plus de 30 ans. Je suis toujours en activité au château Ricardelle dans la Clape, et j’interviens aussi sur d’autres propriétés.

Je trouvais dommage qu’on n’ait pas un curseur qui permette de recréer les sources de micro-oxygénation de la barrique.

Je me suis questionné aussi pour chercher à augmenter la durée de vie de la barrique en propriété sans la réformer trop vite.

Par quelles étapes êtes-vous passé avant de trouver le produit idéal ?

Je réfléchissais à une technique sans passer par des « usines à gaz ».

Je connaissais la particularité physique des polymères à être perméable à l’oxygène. Avant le Covid, j’ai commencé à travailler sur des fonds en polymères de type PEHD. Mais c’était compliqué car il fallait l’intervention des tonneliers pour le montage et à cela s’ajoutait le surcoût du transport sur les barriques déjà en propriété.

Puis la crise Covid est arrivée. Tout ça m’a obligé à repenser le projet ou à l’arrêter.

Il fallait une surface d’échange plus perméable et plus petite pour faire passer cet échange d’air ambiant et de liquide de contenu. J’ai utilisé la même matière que la bonde : la silicone.

L’avantage c’est que le silicone est plus perméable que le PEHD initial et c’est un matériau déjà bien connu des vignerons, puisqu’une grande majorité des barriques sont fermées par des bondes en silicone.

Après 3 ans de recherche et développement, j’ai conçu un produit fini : une version hyper simple, technique, durable, économique.

Et l’avantage, c’est que je peux l’envoyer facilement dans le monde entier.

Quels sont ses autres atouts ?

Cet outil destiné aux barriques à l’origine, peut aujourd’hui s’adapter à tout type de contenant.

Il est techniquement facile à suivre, durable parce que réutilisable et économique.

Une des pistes de réflexion était aussi d’augmenter la durée de vie technique des fûts. Contre un fût neuf de 225 l qui va coûter 900 €, voire plus, on va pouvoir rendre une barrique techniquement plus intéressante plus longtemps.

Il y a aussi la question de la durabilité, afin d’optimiser et préserver les ressources en bois.

Quel est le coût d’un JABB® et combien de barriques sont aujourd’hui équipées ?

Le JABB coûte 150 € HT départ. L’idée c’était de développer quelque chose d’abordable, de technique et durable. Pour le moment, nous privilégions la vente directe et quelques distributeurs car nous sommes encore au tout début de la commercialisation.

Notre outil JABB® a été lancé à la vente en octobre 2022. Aujourd’hui nous équipons entre 700 à 800 barriques et quelques cuves. Le profil des clients est varié : du vigneron qui a besoin de faire des économies à de l’ultra premium. Il n’y a pas de règles d’utilisation. Je pars du principe qu’il faut redonner confiance aux vignerons. Qu’ils se réapproprient leur savoir-faire. Le JABB fonctionne bien avec ceux qui ont bien compris son but, qui testent par eux-mêmes et qui sont proactifs sur l’outil.

Le système est simplissime, il suffisait d’y penser. Parfois on a tendance à complexifier les choses. Il faut amener de la simplicité au vigneron déjà en surcharge.

Aujourd’hui nous sommes présents dans toutes les régions viticoles : Bordelais, Sud-Ouest, Languedoc, Roussillon, Vallée du Rhône, Val de Loire… mais aussi aux Antilles, Chili, Espagne, Ukraine.

Les résultats sont-ils probants à la dégustation ?

À chaque fois, on teste une barrique témoin et une barrique avec un JABB, de même chauffe et de même âge. On se rend compte qu’on a un meilleur fondu. Il y a un côté moins asséchant sur les rouges. Pour les blancs, on va chercher davantage de fraîcheur.

Tout ça en utilisant de l’oxygène ambiant, sans avoir de consommable à acheter.

Parmi les exemples concrets d’utilisation, j’ai un vigneron en Bourgogne qui utilise des barriques de 10-12 ans d’âge. Il a constaté une nette amélioration de la qualité.

Votre développement ne s’arrête pas là.

Par extension, des gens sont venus à moi avec d’autres contenants. Comme Samuel Delafond, qui a conçu les barriques inox SD Barrels. JABB® fait partie de son catalogue d’options et d’équipements pour ses fûts.

Il y a aussi des producteurs qui ont des difficultés d’oxygénation avec des amphores ou des contenants en verre et qui m’ont demandé de leur adapter une version.

Le monde des spiritueux est également demandeur pour ses élevages où l’apport d’oxygène peut être intéressant. Je travaille avec des producteurs de rhums, whiskies et d’eaux de vie français. Chez certains d’entre eux, nous allons même équiper directement des cuves.