Greenshield : « Réussir la transition agroécologique grâce aux mathématiques »

Jean-Pierre Plonquet et François Feugier en sont convaincus : les mathématiques sont une clé pour réussir la transition agroécologique. En dressant l’état des lieux sanitaire des cultures, Greenshield propose d’accompagner les producteurs vers une voie plus verte grâce à l’analyse de leurs données agronomiques.

 

Jean-Pierre Plonquet, pourquoi avez-vous créé la société Greenshield ? 

Le point de départ de la société est un brevet déposé en 2011 par mon neveu François Feugier, créateur de Greenshield, que j’ai rejoint un mois après la création juridique de l’entreprise. François est docteur en biologie mathématiques et vivait à l’époque au Japon. À son retour en France, le projet basé sur son invention – une technologie de désherbage par laser – a été lauréat de la première promotion du label GreenTech verte (aujourd’hui GreenTech Innovation).

La société Greenshield a donc été créée en 2016, quelques mois après l’initiative lancée par le Ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires. Nous voulions transformer ce brevet en solution avec une idée en tête : comment faire pour aider la transition agroécologique ?

 

En quoi les mathématiques peuvent aider la transition agroécologique ?

 Nous nous sommes posé cette question : comment lutter contre les maladies de manière durable et apporter des solutions pour accompagner cette démarche qui nécessite une maîtrise constante du risque sanitaire ?

Le problème est que plus on sort de la chimie, plus on a de risques sanitaires. Nous pensons que les mathématiques sont une discipline essentielle pour maîtriser les risques inhérents à cette transition. Cette discipline permet de formaliser et simplifier les phénomènes agronomiques et d’optimiser les stratégies de traitement, permettant ainsi un passage à l’échelle des nouvelles pratiques.

Sur cette base, nous proposons des solutions basées sur deux piliers :
– Faciliter l’observation des agronomiques des parcelles et les expérimentations pour permettre une meilleure maîtrise des risques sanitaires
– Prédire l’évolution des maladies puis optimiser les agendas et les stratégies de traitement

In fine, c’est retrouver le plaisir de faire de l’agronomie.

 

Votre brevet délivré en 2019 porte sur la technologie du laser. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Nous concevons une solution – Le Rayser – pour permettre le désherbage sans usage de produits. Il s’agit d’une technologie basée sur l’Intelligence Artificielle pour reconnaitre les adventices et les détruire par laser.  Nous préparons en priorité cette solution pour le désherbage des planches de maraîchages : carottes, mâche, jeune pousse, oignon… Et la technologie pourra ensuite être adaptée aux cultures industrielles.

Pour le maraîchage, l’enjeu majeur pour être durable est de trouver des solutions pour un désherbage durable et économique. C’est ce que nous préparons.

 

Et pour la viticulture, que proposez-vous ?

La viticulture est pour nous une priorité. Pour cette filière, nous avons lancé fin 2022 une offre que nous appelons la Surveillance Agronomique, un écosystème de solutions interconnectées conçues pour collecter puis valoriser les données agronomiques des vignobles.

Cela inclut VineSpot, une application mobile de relevé agronomique conçue pour rendre la collecte de données sur le terrain plus simple, plus rapide et plus précise. L’application permet de réaliser des observations géolocalisées en un clic, des comptages assistés des organes, de partager des photos de symptômes, de bénéficier d’un historique de données pour chaque pied de vigne, de suivre des expérimentations, etc…

 

Nous proposons également le VineMapper, un capteur embarqué sur tracteur équipé d’une caméra à haute définition qui prend automatiquement des photos des vignes. Notre IA intégrée détecte les anomalies de la vigne et produit une cartographie des pieds touchés en temps réel et avec une précision centimétrique.

 

Les données sont ensuite centralisées sur VineCore, une plateforme web de maîtrise des risques sanitaires conçue pour agréger et valoriser les données des vignobles. La plateforme permet notamment d’analyser les données collectées grâce aux solutions de Greenshield et de ses partenaires à l’aide de tableaux de bord personnalisables et de générer des comptes-rendus.

 

Aujourd’hui, nous bâtissons ce socle de récolte de données pour permettre une compréhension sur le long terme de l’état des parcelles, leur évolution et les risques à prendre dans le temps.

Notre deuxième mission, encore en phase de recherche et développement, est de permettre l’amélioration des prédictions des maladies et d’optimiser les agendas des traitements. Nous fournirons également par exemple des cartes optimisées pour les pulvérisateurs.
Ces innovations sont progressivement opérationnelles et accessibles dans la plateforme VineCore. On peut citer à titre d’exemple un nouveau modèle de prédiction des maladies cryptogamiques (mildiou, oïdium, black rot), une modélisation de l’évolution spatiale des cicadelles (vecteur de la flavescence dorée), des stratégies optimisées de pulvérisation pour l’optimisation de l’usage des produits…

À qui s’adresse Greenshield ?

Nous pouvons nous adresser à tous les acteurs de l’écosystème viticole. Nos premiers clients et partenaires sont des grands crus de Bordeaux, des maisons de négoces, des coopératives, des distributeurs d’agrofournitures, des conseillers viticoles, des équipementiers, ou encore des chambres d’agricultures…

Notre première rencontre avec la viticulture s’est faite avec la Maison de Cognac Martell.

 

Où est déployée votre équipe ?

Aujourd’hui, Greenshield c’est 12 salariés. L’équipe s’est d’abord constituée à Paris. Maintenant, nous nous déployons progressivement en Nouvelle-Aquitaine. Nous avons désormais quatre collaborateurs à Bordeaux et Cognac.

 

Et quel est votre lien avec l’Occitanie, et Vinseo ?

Après avoir gagné en notoriété en Nouvelle-Aquitaine, nous souhaitons maintenant nous déployer en Occitanie.
Nous sommes déjà présents dans la région depuis deux ans dans le cadre de notre collaboration avec le Vinnopôle Sud-Ouest de Gaillac, dans le Tarn. Il regroupe l’Institut français de la vigne et du vin, la Chambre d’agriculture du Tarn, en co-partenariat avec les coopératives Vinovalie et Labastide.

Vinseo nous permet de créer et d’élargir ces liens avec des acteurs clefs de la région.

En Occitanie, nous avons deux objectifs après la viticulture. Celui de développer nos solutions pour le maraîchage et pour l’arboriculture. Pour cette filière, nous pourrons appliquer les mêmes méthodes que pour la vigne.