Fourchettes et Bouchons : le sommelier virtuel qui éclaire les consommateurs en GD.

N’avez-vous pas déjà eu un sentiment de solitude dans le rayon vin d’une grande surface ? Si le conseil reste la mission première des cavistes, 70 % des consommateurs achètent leur vin via la grande distribution. Justement là où très peu de conseillers sont présents. Le sommelier Matthieu Baillie, PDG de GD vin, a trouvé la solution. Sa borne interactive Fourchettes et Bouchons entend palier ce vide en éclairant les acheteurs… et les vins !

Matthieu Baillie, sommelier et fondateur de Fourchettes & Bouchons.

Matthieu Baillie, comment avez-vous eu l’idée de créer une plateforme digitale pour conseiller directement les clients des grandes surfaces ?

Je suis sommelier. Quand j’organisais des soirées dégustations, les participants me sollicitaient souvent pour des conseils accords mets / vins en se retrouvant dans le rayon vin du supermarché.

C’est comme ça que j’ai commencé à étudier le comportement d’achat en grande surface. Une étude montre que 70 % des clients qui franchissent le rayon vin d’un supermarché repartent les mains vides. Cela peut être par manque de connaissance, de temps, ou parce qu’il y a trop de choix. En moyenne, un hypermarché propose 1 500 références, 1 000 dans un supermarché et environ 500 dans une supérette.

Les responsables de rayons sont surtout des magasiniers, pas des conseillers. Il y a un vrai besoin de pédagogie et de services. Et expliquer, c’est mon métier.

Quel est votre parcours ?

J’ai fait des études dans l’hôtellerie à l’école Vatel à Nîmes, puis j’ai été directeur de la restauration et chef sommelier dans le Sud de la France. J’ai travaillé à L’Hermitage***** à Monaco, au Mirazur** à Menton, au Cap Estel***** à Èze-Bord-de-Mer, et récemment dans la région toulousaine, là où a commencé l’aventure.

En 2017, j’ai quitté l’opérationnel pour monter ma société de formations et conseils destinés aux professionnels et particuliers, pour qui j’ai organisé des rencontres avec des vignerons et des cours d’œnologie.

Je suis fils de libraire, le commerce et la proximité sont essentiels pour moi qui suis passionné par mon métier. Je ne souhaite pas créer une market place avec des commissions sur le dos des vignerons. Mon métier c’est l’œnologie et la pédagogie.

Fourchette et Bouchons, comment ça marche ?

C’est une borne interactive installée dans le rayon vin des grandes surfaces, là où il y a besoin de conseil. Quand vous cliquez, deux entrées vous sont proposées. « Vin pour moi ou pour offrir » vous demandera de répondre à un questionnaire rapide… « Vin à accorder » : vous inscrivez le plat que vous cherchez à accorder.

Notre solution va localiser dans le rayon en allumant directement l’emplacement de la bouteille proposée grâce à un système de leds.

Combien de bornes sont déjà installées ?

Depuis un an, nous travaillons avec un magasin pilote du groupe Intermarché à Plaisance du Gers, à côté de Marciac. Ce mois-ci, c’est un magasin Auchan, le siège à Villeneuve-D’ascq que l’on va équiper. Si le test est concluant, l’intégralité du groupe sera pourvue de bornes en septembre. Elles sont toutes développées et construites à Toulouse.

Quels sont les premiers retours ?

C’est un outil d’aide à la vente, mais pas de vente. Le sommelier digital offre aux magasins des données sur les comportements de ses clients très intéressantes. On peut connaître le temps passé par personne sur la borne, les types de recherche. Sur notre magasin pilote, nous avons pu constater les pics de recherches entre Noël et le jour de l’An, les horaires prisés entre 16h et 18h, qu’il y avait 50 % de recherche pour un « vin pour moi » et autant pour un « vin à accorder ». Nous pouvons aussi évaluer les budgets par bouteille en fonction des tranches d’âge : moins de 5 euros de 18 à 30 ans, entre 10 et 20 euros pour une clientèle âgée de 30 à 50 ans, de 20 à 50 € au-delà de 50 ans.

50 % des utilisateurs cliquent sur le détail du vin et 65 % vont jusqu’au bout de la recherche.

Vous venez de lancer une levée de fonds pour décliner d’autres solutions. Quelles sont les prochaines étapes ?

Fourchettes et Bouchons restauration permettra à un établissement qui n’a pas de sommelier de bénéficier d’un appui côté conseil, mais aussi dans la gestion de son stock. Cela peut être aussi le fournisseur lui-même qui propose à son client la solution pour permettre de le relancer lorsqu’il y a besoin d’un réassort. Cette application sera déployée au deuxième semestre, en même temps que l’application mobile destinée aux particuliers. Sorte de livre de cave, l’appli vous permettra de rentrer votre profil dégustateur mais aussi vos magasins préférés. Il y aura des conseils de dégustation, des accords mets / vins précis réalisés par mon équipe et moi-même. On pourra connaitre le potentiel de garde des vins, choisir un vin dans sa cave ou dans sa boutique préférée en fonction d’un plat…

Quel est votre modèle économique ?

L’application est gratuite pour les particuliers. Nous serons rémunérés sur les magasins répertoriés qui pourront avoir différents profils : cavistes, épiceries fines, grande distribution.

Vous avez rejoint Vinseo en début d’année. Qu’en attendez-vous ?

C’est Elodie Le Dréan, d’Ad’Occ qui me l’a conseillé. J’ai rejoint le réseau principalement pour le dernier volet Fourchettes et Bouchons vigneron. Pour moi, la digitalisation, ça ne doit pas être dans les vignes, mais dans la commercialisation et la communication. Je souhaite aider les vignerons dans ce qu’ils maîtrisent le moins. Nous allons leur proposer un référencement naturel sur notre site via les fiches techniques de leurs vins. Elles leurs coûteront 10 euros par vin et par an et seront rédigées aux normes européennes 2023 avec le nutriscore. Celles-ci vont à la fois nourrir la base de données globale. Et chaque clic de ces fiches sur chacune des applications de Fourchettes & Bouchons permettra d’augmenter le référencement du domaine puisqu’elles seront hébergées sur le site internet du vigneron.