Le cabinet de courtage Ciatti a fait du vin en vrac sa spécialité. A partir du Languedoc, les courtiers parcourent la France, l’Espagne et l’Italie afin de mettre en relation les producteurs locaux et des acheteurs internationaux. Pour décrypter les enjeux du commerce de vin, Florian Ceschi, directeur de Ciatti Europe, nous invite dans un tour du monde vinicole.
Le cabinet de courtage en vins Ciatti Europe est basé, depuis sa création en 1998, à Montpellier. Pourquoi ce choix ?
Depuis Montpellier, le bureau Europe du groupe de courtage international Ciatti rayonne sur l’arc méditerranéen. Nous sommes au carrefour des trois premiers pays producteurs de vin au monde que sont l’Espagne, la France et l’Italie.
Les quatre courtiers du bureau sont donc à proximité des vignerons et caves coopératives qui nous font confiance pour vendre leurs vins et leurs moûts. Je m’occupe en particulier des fournisseurs italiens. Mon collègue Nicolas Pacouil se focalise quant à lui sur les marchés français et espagnol.
Ciatti a fait du vin en vrac sa spécialité. Avec une telle orientation, la localisation au cœur du Languedoc-Roussillon est plus que stratégique. La région est le premier bassin de production de cépages internationaux au monde. Merlot, syrah, cabernet, sauvignon, chardonnay font, entre autre, partie du panel de variétés cultivé par les producteurs d’Occitanie. Pour le marché français et les marchés de consommation étrangers, de nombreux acheteurs recherchent des vins de la région. Notre rôle de courtier est de les mettre en relation.
Dans un marché du vin en vrac mondialisé, quels sont les atouts des vins d’Occitanie ?
La demande pour les vins de cépages, qui a explosé dans les années 90, et qui est toujours au rendez-vous sur les marchés nord-américains et d’Europe du Nord.
S’y rajoute un engouement pour les rosés secs. Par ailleurs, notamment aux Etats-Unis, les acheteurs sont aussi en recherche d’alternatives moins onéreuses aux sauvignons néo-zélandais.
La région Occitanie peut pourvoir à toutes ces demandes, en quantité et en qualité.
Les acheteurs étrangers reconnaissent aussi la maîtrise technique des opérateurs français, capables de faire du sur-mesure dans les chais.
La diversité des vins de cépages internationaux et la technicité des œnologues sont à mon avis les deux atouts majeurs de la région.
La récolte 2021 s’annonce historiquement faible en France avec moins de 35 millions d’hl. La situation est-elle similaire dans les pays limitrophes ?
La France a été particulièrement touchée par gel d’avril. Les vignobles producteurs de vins en vrac que sont le Languedoc et la Gascogne enregistrent des pertes conséquentes. Par rapport au cinq dernières années, on parle de -30% de récolte pour les IGP et -40% pour les vins sans indications géographiques principalement produits sur les deux bassins de productions précédemment cités.
L’Italie et l’Espagne aussi annoncent un potentiel de récolte en baisse mais beaucoup moins conséquent que celui de la France.
Moins 9% est le chiffre officiel pour l’Italie; on table en réalité davantage sur -15%. Quant à l’Espagne, les estimations sont à -15% de récolte par rapport à 2020 mais les récentes intempéries laissent penser à -20/-25%.
Quelles sont les conséquences pour le bureau Europe de Ciatti ?
Le courtier est un intermédiaire entre les producteurs de vins et les acheteurs. Moins d’offre c’est moins de transactions au cours desquelles nous apportons nos services. Même si les prix augmentent, cela ne compense pas le manque à gagner pour toute la filière.
Ces années compliquées sont néanmoins l’occasion de (re)prouver notre valeur. Contrairement à ce que certains veulent croire, le courtier n’est pas un intermédiaire superflu, surtout les courtiers Ciatti !
Notre implication sur les marchés internationaux nous distingue et profite à nos clients. Dans les années de forte production, c’est un atout que nous mettons au service des vendeurs de vins pour leur trouver des débouchés variés, aux prix les plus rémunérateurs. A contrario, quand la récolte est faible, ce sont les acheteurs qui apprécient cette expertise. Notre travail consiste à tout faire pour trouver les références et volumes recherchés et, quand nous sommes dans une impasse, à proposer des vins en substitution.
C’est ce qui ce passe actuellement à cause de la congestion du transport maritime mondial. En Europe du Nord par exemple, des acheteurs diminuent leurs demandes sur des vins sud-américains au profit de vins européens qui sont expédiés par voie terrestre.
Pouvez-vous nous éclairer sur les problèmes de logistique rencontrés sur le fret maritime mondial ?
Lorsque la pandémie de covid a commencé au premier trimestre 2020, la demande mondiale en biens manufacturés a rapidement chuté. Dans un même temps, les activités portuaires et maritimes ont été ralenties pour respecter les restrictions sanitaires en vigueur.
Mais passée la période d’incertitude sur la dangerosité du virus et avec les confinements successifs, les consommateurs notamment nord-américains ont reporté les dépenses qu’ils faisaient traditionnellement en restaurants, vacances et loisirs sur des biens matériels. Le commerce entre l’Amérique du Nord et l’Asie a repris. Et l’on a même assisté à une croissance de la demande par rapport à la période post-covid.
À ce moment, les armateurs qui avaient retiré des bateaux et donc des containers des lignes maritimes ne sont pas repartis à plein régime. Le surplus de biens en transit sur la ligne transpacifique a commencé à s’accumuler dans des ports toujours perturbés par la covid.
Progressivement, le commerce mondial a repris sur tous les marchés. Et les exportateurs du monde entier se sont et se retrouvent encore en prise avec des problèmes d’acheminement de leurs marchandises. Il n’y a pas assez de bateaux et de containers et ceux qui existent se concentrent sur la ligne transpacifique. Les retards de livraison sur le grand export explosent.
Expédier du vin est très compliqué depuis un an. Notre défi en ce moment est de tout faire pour que les cuves soient vides avant que ne rentre la récolte 2021. En tant que courtier nous sommes en première ligne pour résoudre ces problèmes avec les commissionnaires de transport.
« Notre implication sur les marchés internationaux nous distinguent et profitent à nos clients », Florian Ceschi, Ciatti Europe
Quelles sont les perspectives de développement de Ciatti en France ?
Les acheteurs comme les fournisseurs de vins sont en attente d’une expertise pointue sur les marchés internationaux. Avec les 10 bureaux Ciatti repartis dans le monde et notre expertise individuelle, nous sommes en mesure d’apporter une vision locale et mondiale sur les enjeux d’approvisionnement, de consommation, de logistique…
Par ailleurs, force est de constater que la profession de courtier est vieillissante.
Ces éléments permettent à Ciatti de développer sa clientèle.
Ciatti Europe est membre du réseau Vinseo. « Au sein du réseau chacun partage son expertise. Ces échanges techniques sont enrichissants pour notre activité de courtage et passionnants pour notre culture générale sur les sujets de filière. Nous sommes membres actifs du Conseil d’Administration et du Bureau de l’association.
Vinseo c’est aussi plus de 100 entrepreneurs qui partagent des problématiques RH et managériales communes. On s’apporte des solutions. »
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