Thibaut Déplanche, directeur du laboratoire Celesta-Lab, décrypte l’impact des sécheresses sur les sols viticoles d’Occitanie. Entre analyses et formations, son équipe aide les vignerons à améliorer la résilience de leurs sols.
Sur l’arc méditerranéen, les sécheresses estivales se succèdent. Le phénomène se poursuit de plus en plus fréquemment à l’automne.
Quelles sont les conséquences pour la vie des sols viticoles de la région Occitanie ?
L’automne est une saison capitale pour la vigne durant laquelle la plante met en réserve de l’azote. Deux conditions majeures sont nécessaires à la réalisation de ce phénomène : un sol chaud et un sol humide. La sécheresse après les vendanges va donc affecter négativement la mise en réserve. Sans eau, l’activité biologique du sol est ralentie, la minéralisation de la matière organique ne se fait pas, il n’y a plus ou peu d’azote disponible assimilable pour la vigne.
Les conséquences sur la plante se voient sur les millésimes suivants. On observe des petits bois, une petite mise à fleur et un petit rendement, même si les conditions climatiques deviennent favorables en période de croissance. Et l’effet boule de neige se poursuit. Les sarments de taille sont moins gros, les restitutions de carbone au sol durant l’hiver sont moindres…
Dans la région, l’ouest de l’Hérault, l’Aude et les Pyrénées-Orientales sont d’ores et déjà confrontées à cette situation après une succession d’années particulièrement sèches.
Les épisodes pluvieux brefs et intenses qui s’abattent localement sur le territoire occitan à l’automne peuvent-ils tempérer les effets préalablement évoqués ?
Il n’y pas de réponse simple. Un seul orage ne gomme pas à lui seul des semaines de sécheresse. Mais, il participe à imbiber le sol, si l’on met de côté les cas extrêmes de sols très tassés où les amas d’eau, au lieu de s’infiltrer, ruissellent.
Dans les autres situations, c’est la capacité d’infiltration du sol viticole et sa réserve utile qui vont moduler l’effet de ces pluies. Logiquement, on peut s’interroger sur les moyens d’améliorer l’un ou l’autre de ces deux paramètres.
Du côté de la réserve utile, seul un travail sur les matières organiques peut arriver à faire bouger ce paramètre. Les matières organiques stables peuvent agir comme des petites éponges ; c’est de la « rétention directe ». Les matières organiques vivantes comme les bactéries ou les champignons créent et entretiennent des pores participant de manière complémentaire à la capacité de rétention du sol.
Concernant la capacité d’infiltration du sol, c’est l’état de surface du sol qui compte. Chaotique et perforé, il permet une meilleure infiltration. Une couverture végétale développée, le plus tôt possible à l’automne, est un moyen d’y arriver.
Thibaut Déplanche, directeur de Celesta-Lab, laboratoire d’analyse, d’étude et de conseil en biologie des sols et valorisation des produits organiques.
Celesta-Lab, laboratoire d’analyses spécialiste de la vie des sols, est aussi un organisme de formation. Ces deux piliers d’activités connaissent-ils la même dynamique ?
La masse salariale de l’entreprise a été multipliée par deux en deux ans. Nous sommes désormais 15, installés dans des locaux à Mauguio. Le sol est devenu un centre d’intérêt fort en agriculture.
Notre activité est croissante sur nos deux cœurs de métiers que sont les analyses et l’expertise agronomique, car nous sommes de plus en plus sollicités pour intervenir auprès de collectifs de producteurs et de conseillers. La vulgarisation scientifique est au centre de notre stratégie d’entreprise. Dans tous nos services, nous cherchons à être pédagogique et compréhensible.
« La vulgarisation scientifique est au centre de notre stratégie d’entreprise »
La refonte de nos bulletins d’analyses qui sera effective à la fin d’année s’inscrit dans cette dynamique. Le vigneron ne doit plus regarder son analyse physique et biologique de sol, paramètre après paramètre, sans comprendre les liens qui peuvent exister entre eux. Nous avons la volonté de renforcer l’autonomie de nos clients dans l’interprétation et dans la prise de décision.
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Vinseo permet de renforcer l’ancrage territorial de l’entreprise. Chaque année, une vingtaine d’événements réunissent les membres. Avec l’envie de s’investir dans le réseau, ce sont autant d’occasions pour apprendre à se connaitre, pour générer du business et pour partager nos problématiques d’entreprises.
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