Historiquement construit autour de l’agrofourniture avec notamment la vente de produits phytosanitaires, le groupe Perret continue sa transition. La réglementation, la démographie agricole comme les demandes du marché ont encouragé Bernard Perret, PDG du groupe éponyme, à diversifier ses activités.

 

Le Groupe Perret, c’est de l’agrofourniture mais pas seulement. Quel regard portez-vous sur la diversification des activités du Groupe entamée en 2009 ? Avez-vous encore des projets de diversification à moyen terme ?

Bernard Perret : Avec le recul, je m’en félicite ! Le tournant de la diversification a été pris au cœur de la crise viticole de 2003-2006. L’entreprise avait perdu 20 % de son chiffre d’affaires à périmètre constant, et notre clientèle principale, les vignerons, avaient vu leur revenu divisé par deux. Je me suis alors demandé que faire et quelle était la valeur ajoutée du groupe.

Le groupe Perret s'est aussi la constructeur Chabas

Très vite, deux réponses me sont venues à l’esprit : une très bonne connaissance du terrain et la proximité avec nos clients agriculteurs. C’est alors devenu évident, il fallait élargir l’offre des services, ce que nous avons fait progressivement depuis 2009.

Aujourd’hui, outre son activité d’agrofourniture, avec les filiales Perret, Racine, Omag, Prodia et Cap, le Groupe Perret est présent dans les métiers de l’irrigation (Aquadoc, Dispro, LPSO, Agri Control), le machinisme agricole (Chabas, Andreux et JBF Agricole), le matériel de cave (Visea Couturier), les métiers du grain (Perret, Provence Céréales) et le conseil agronomique (EAS).

Concernant des projets à moyen terme, je reste attentif, mais la priorité aujourd’hui reste de consolider cet ensemble déjà bien étoffé.

 

Le Groupe Perret est particulièrement présent sur la région Paca. Le dernier recensement agricole indique qu’en 10 ans, la part des exploitations spécialisées en arboriculture s’est repliée. A contrario, la viticulture renforce sa position de filière n°1 du territoire.  Le Groupe Perret évolue-t-il au grès de ces changements d’orientation agricole ?

Bernard Perret : Présentes sur le Grand Quart Sud Est de la France, les filiales du Groupe Perret sont implantées sur une soixantaine de sites et couvrent aujourd’hui un grand nombre de cultures : viticulture bien sûr  avec 44 % du chiffre d’affaires, arboriculture (12 %), maraîchage (11 %), grandes cultures (17 %) mais aussi de l’élevage, des plantes à parfum aromatiques et médicinales… Nous sommes également acteurs sur le marché des espaces verts, horticulture et pépinière. Ce n’est donc pas un problème si des territoires changent d’orientation agricole car nos équipes sont pluridisciplinaires.

 

Dans la région voisine d’Occitanie, le Groupe est implanté dans le Gard. La viticulture est là aussi la production principale. Les demandes des viticulteurs sont-elles les mêmes ? On pense par exemple à l’irrigation.

Bernard Perret : On constate effectivement un besoin constant en irrigation mais qui dépend beaucoup de l’accessibilité (ou pas) en eau d’un territoire. Par contre, je constate une demande de plus en plus forte pour des « bio solutions » en protection, fertilisation et nutrition des cultures.

J’en suis très heureux car au sein du Groupe Perret, nous avons pris ce virage voilà bien longtemps en développant un accompagnement et une gamme de produits, de services et même de formations sur ces pratiques, y compris avec des solutions innovantes telles que la phytothérapie.

Les produits phytosanitaires conventionnels ne représentent plus aujourd’hui que 21 % de notre chiffre d’affaires et sur ces 21 %, 36 % sont des solutions de biocontrôle.

Les entreprises du pôle irrigation du Groupe Perret étudient, réalisent, installent et assurent la maintnance de systèmes d’irrigation pour les agriculteurs

Les entreprises du pôle irrigation du Groupe Perret étudient, réalisent, installent et assurent
la maintenance de systèmes d’irrigation pour les agriculteurs

 

L'application Andromède du groupe Perret facilite l'irrigation des vignes

L’application Andromède du groupe Perret facilite l’irrigation des vignes

L’irrigation est une attente forte des viticulteurs méditerranéens. Quels sont les enjeux autour de cette pratique ? Le partage de l’eau entre les irrigants ? La disponibilité en eau ? Le Groupe Perret apporte-t-il des solutions à ces questions ? 

Bernard Perret : Les filiales de notre pôle irrigation sont particulièrement performantes parce qu’effectivement, une installation se doit non seulement d’être bien conçue avec du matériel de qualité, adaptée au terrain et à la culture, mais aussi économe en eau. Elle doit également assurer une répartition des besoins équitables entre irrigants. C’est un vrai travail d’ingénierie.

Aquadoc a ainsi développé une solution d’irrigation connectée, Andromède, qui a d’ailleurs été récompensée au Sitevi en 2019. Elle permet notamment de gérer les volumes d’eau en temps réel pour chaque membre d’un réseau (Asa – Association syndicale autorisée par exemple) par l’ouverture et la fermeture des vannes à distance. Une véritable révolution car l’application se gère depuis un smartphone et emmagasine de nombreuses données qui permettent de faire évoluer la gestion de l’eau. Une hotline a même été mise en place pour la maintenance des installations.


Le Groupe Perret a une forte part de son activité consacrée à l’agrofourniture. Comment avez-vous appliqué la séparation du conseil et de la vente ?  
L’année 2022 sera la première année complète avec ce régime. Quelles difficultés sont à surmonter ? 

Bernard Perret : Dès janvier 2021, l’ensemble de nos technico-commerciaux ont été formés, avec l’appui de la Fédération du Négoce Agricole, à la nouvelle donne de la séparation de la vente et du conseil.

Nous avons appliqué la loi, sans état d’âme, mais avec un grand sentiment d’injustice car en nous ôtant notre fonction de « médecin » -celle-là même qui fait que l’on préconise une solution après un diagnostic – on nous fait devenir de « simples » pharmaciens. Une position qui risque bien, à terme, d’altérer la relation de confiance avec le client qui est à la base de notre métier.

L’avenir dira si cette loi a été efficace mais d’ores et déjà, des voix s’élèvent pour en critiquer les conséquences. Faute de faire appel à un conseiller, des agriculteurs se retrouvent avec une simple notice sur les produits, ce qui ne favorise pas une diminution du niveau d’utilisation.

Pour 2022, nos équipes sont prêtes et rodées et elles peuvent toujours continuer à conseiller les produits de biocontrôle sans AMM ou faisant l’objet de fiches actions CEPP (Certificat d’Economie des Produits Phytosanitaires), les biostimulants, les produits de nutrition et les nombreux produits nécessaires à une exploitation agricole : semences, fertilisants, palissage, plastiques, etc…

Journée phytothérapie organisée par le Groupe Perret

Journée phytothérapie organisée par le Groupe Perret


Pouvez-vous en dire plus sur la plateforme internet de vente de produits phytosanitaires que vous souhaitez lancer ?

Bernard Perret : Je préfère parler de plateforme digitale collaborative car ce ne sera pas juste un outil de vente. En effet, avec la séparation du conseil et de la vente, à terme, notre relation de confiance avec le client risque de se distendre, voire de s’altérer. Le digital est là pour venir combler ce manque et conserver cette relation directe est nécessaire. De plus, vous, moi, tout le monde est habitué à chercher de l’information ou acheter sur Internet. Les agriculteurs ne font pas exception à la règle.

Cette plateforme est également une opportunité de développer nos ventes en communiquant sur l’ensemble de nos savoir-faire et de valoriser l’image de l’entreprise.

 

A terme, le Groupe Perret va-t-il étendre ses activités en Occitanie ?

Bernard Perret : Cela rejoint la première question… Et je ne vais pas dévoiler toute ma stratégie !

 

Le Groupe Perret est membre de VINSEO

L’importance de la viticulture dans le Groupe Perret et son implantation forte en Occitanie justifient pleinement notre adhésion au réseau Vinseo. De plus, nous sommes très à l’écoute des innovations dans tous les domaines, et Vinseo est un bon moyen d’entrer en relation avec des start-up par exemple qui ont des choses à proposer. Nous apprécions également des services tels que la mise à disposition de stands sur des salons. Lors du dernier Sitevi à Montpellier, Visea Couturier en a profité, de même que notre réseau de négoces agricoles Agrosud.

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