Coachs spécialisés dans la filière viti-vinicole, Serge Pinatel et Fabien Laurière ont fondé Atlasens en 2020 à Montpellier. Ce cabinet de coaching et consulting pose un regard à la fois expert et externe pour mieux challenger le secteur et aider ses clients à tracer de nouveaux caps. Rencontre avec ses deux associés.
Atlasens porte un nom évocateur qui en dit déjà beaucoup sur votre entreprise…
S.P. et F.L. C’est vrai qu’il n’a pas été choisi au hasard. Atlas est à la fois la notion de carte, de représentation. C’est l’idée de se repérer dans l’espace, de prendre de la hauteur. C’est l’image de la chaîne des montagnes à gravir, mais c’est aussi la première vertèbre cervicale qui porte la tête.
Quant au sens, il est au cœur de notre société de coaching et de conseil. Pour chaque accompagnement, on va questionner sur le sens qui guide les organisations.
Quel a été votre parcours avant de vous associer en 2020 ?
Serge Pinatel, co-fondateur et associé d’Atlasens.
Serge Pinatel. Je suis ingénieur en biotechnologie de formation. J’ai fait un DNO tout jeune, et mon lien avec le milieu agricole est toujours resté très fort depuis mes débuts dans des coopératives céréalière et sucrière.
J’avais pris conscience de la nécessité de prendre du recul dans mon travail. J’ai été chef de projets, responsable R&D et dirigeant de différentes structures. Dans ces différents postes, il m’a souvent manqué ce lien entre l’accomplissement et la dimension de changement. Comment mettre du sens dans un projet et concilier l’humain et la finalité économique. Je me suis ainsi formé au coaching et j’ai découvert ce métier qui m’a beaucoup éclairé.
Atlasens n’est pas une simple société de conseil. Elle est basée sur cette guidance pour aider les structures à se développer en se questionnant sur elles-mêmes et en mettant les femmes et les hommes au cœur du réacteur.
Fabien Laurière. Je suis ingénieur agronome avec une sensibilité au vivant très présente. J’ai fait une spécialité en viti-œno à Montpellier. J’ai travaillé dans la production, le commerce, le marketing, dans un cabinet de conseils pour des domaines, des importateurs, des centres de recherches. Au début des années 2000, j’ai trouvé que la filière ne bougeait pas assez vite alors j’ai bifurqué dans le numérique. J’ai alors été directeur du service clients chez Smag (société de logiciels et applications agricoles). En travaillant dans l’accompagnement au changement, je voulais replacer plus d’humain dans le travail. Serge a alors été mon coach, un métier qu’il pratique depuis plus d’une quinzaine d’années.
Quel est votre vision du coaching, et comment peut-il aider la filière viti-vinicole face aux enjeux actuels ?
S.P. et F.L. C’est un peu comme un coach sportif. Nous considérons tous nos clients comme des Léon Marchand en puissance. On les accompagne à mettre en place les conditions pour aller chercher la médaille par eux-mêmes et non pas en leur disant ce qu’ils doivent faire. Nous avons tous les deux une expérience à l’étranger qui facilite cette capacité à travailler autrement.
L’expérience montre qu’il faut aussi connaître le terrain. Mais il ne faut pas trop tomber dans l’opérationnel et le détail. Nous cherchons toujours à garder une hauteur de vue.
Aujourd’hui, 60 % de notre activité est consacrée à des entreprises et organismes du milieu viti-vinicole.
Ce qui a longtemps constitué des atouts de la filière (importance de l’histoire, des traditions, attachement à la culture, fierté des particularités) peut aujourd’hui constituer des freins face à l’importance des changements à engager.
Il faut donc une remise en cause plus forte pour se projeter. Notre spécialité c’est de poser les bonnes questions et d’accompagner avec de la méthode nos clients pour qu’ils trouvent les bonnes réponses.
Plus concrètement, comment s’articule votre approche ?
S.P. et F.L. Nos accompagnements se déclinent en trois verbes d’action :
- Dynamiser les projets politiques, stratégiques et les développer pour un ODG (organisme de défense et de gestion), une coopérative… C’est réfléchir à son futur de manière chiffrée, avec une feuille de route stratégique et la décliner par des objectifs concrets. Quels sont les marchés à conquérir, ceux à ralentir ? C’est mettre de la synergie entre les différents acteurs, récolter de la donnée.
Nous avons plus de 400 séminaires à notre actif. Notre savoir-faire apporte une approche interactive, ludique, qui permet la facilitation, des animations, et une capacité à rester pragmatique.
Dans ce cadre, nous avons par exemple accompagné des interprofessions comme le CIVP (Conseil interprofessionnel des vins de Provence), La Cave de Lugny en Bourgogne, Unidor (union coopérative périgourdine) ou encore l’AOP Languedoc depuis 2020.
- Changer : c’est accompagner les changements dans la posture, la manière de travailler ensemble. Par exemple grâce au coaching d’un comité d’administration pour permettre aux membres de mieux se connaitre, faciliter la communication, fluidifier les échanges pour mieux construire ensemble et apporter de la méthode. Et travailler de manière agile pour des décisions plus efficaces et plus de résultat.
Beaucoup de dirigeants sont souvent de bons techniciens mais peuvent être à la source de blocages. Ils doivent comprendre la nécessité de changements pour la survie de la structure.
Aujourd’hui, il faut intégrer l’incertitude et la complexité de notre monde dans la stratégie : covid, guerre en Ukraine, augmentation des prix des matières premières, baisse de la consommation, impact du changement climatique…
On ne peut pas rester immobile face à ce monde en transformation permanente. Les dirigeants doivent eux aussi être flexibles et résilients dans leur approche.
- Pivoter : notre conviction, c’est que les modèles actuels sont peu adaptés aux transitions économiques, sociétales, environnementales. Il faut être capable de remettre en cause parfois de manière frontale le modèle économique et stratégique. Cela passe par un travail de fond et de prospective. C’est la capacité à se projeter vers un avenir désirable. Comment on le redessine collectivement. En plus, il est plus facile de faire un pas vers le changement quand individuellement on en a envie et qu’on y est préparé. Il y a dans cette approche une notion de sens profond. Prendre conscience de la brutalité des faits permet de faire le deuil de certaines pratiques pour anticiper un cap vers lequel on pourrait se diriger. Par exemple imaginer et préparer sa diversification pour une cave coopérative.
Atlasens se développe, et ouvre une réflexion collective pour la filière. Pourquoi ?
S.P. et F.L. La demande est là. Nous avons embauché une troisième collaboratrice, Anne Blanchard, pour y répondre. Elle est également coach.
Et nous mettons nos valeurs et nos convictions pour amener les personnes à se questionner eux-mêmes. C’est pour cela que nous avons mis en place un groupe de réflexion baptisé Les raisins de la transition. Il réunit pour le moment des directeurs de caves coopératives de différentes régions viticoles. Nous avons démarré avec 8 acteurs qui ont tous répondu présents. Ce qui montre les besoins de changement et de réflexion collective. Nous nous sommes réunis pour la première fois en juillet à Montpellier. Le but est d’organiser 3 à 4 réunions par an et de faire avancer la réflexion et la transition sous la forme d’un think tank.
Notre engagement est également responsable : on limite nos propres impacts environnementaux, nous réfléchissons de manière éthique pour responsabiliser la filière.
C’est dans cette même démarche que vous avez rejoint Vinseo cette année ?
S.P. et F.L. Notre motivation est de faire partie d’un réseau pour l’ouverture, le partage. C’est important pour nous de continuer à se questionner et de s’informer sur les tendances de la filière et ses transformations. Vinseo est un espace qui permet de sortir la tête de l’eau et de rencontrer des gens diversifiés.
Atlasens
146 Rue du Pressoir
34090 Montpellier
Fabien Laurière : 06 49 33 16 14
Serge Pinatel : 06 70 17 02 40
contact@atlasens.fr
www.atlasens.fr
