Acteur central de la filière viti-vinicole, l’Institut français de la vigne et du vin (IFV) est au cœur des enjeux de demain. Chaque année, l’IFV, dont le siège est basé en Occitanie, pilote des centaines de projets de recherche appliquée. Pour renforcer cet accompagnement entre les entreprises innovantes et les besoins des viticulteurs, il lance un nouveau service, IFV Plus. Rencontre avec le directeur du pôle occitan Éric Serrano.

 

Éric Serrano, directeur du pôle Occitanie de l’IFV.

Éric Serrano, pouvez-vous nous rappeler le rôle de l’IFV ?

L’IFV est l’Institut technique national de la filière viti-vinicole. Il est au cœur du métier en s’impliquant dans la recherche et l’expérimentation au terrain, c’est-à-dire dans la recherche appliquée.

Au service de la viticulture, nous accompagnons les professionnels (syndicats, Interprofessions, caves coopératives…) et les entreprises qui travaillent pour la filière. En 2024, nous menons 400 projets de recherche et expérimentation sur l’ensemble du territoire, avec 600 partenaires nationaux et internationaux.

En quelques chiffres, l’IFV c’est 165 ingénieurs et techniciens et 18 unités répartis sur tous les bassins viticoles français. L’IFV Occitanie rassemble plus de 70 collaborateurs sur cinq sites différents.

 

 

 

En 2024, vous lancez un nouveau service dédié aux entreprises, l’IFV Plus. Dites-nous-en davantage.

L’idée est de mettre nos moyens à disposition des entreprises. Aider les start-ups et PME à développer leurs innovations et solutions qui soient applicables au vignoble et en cave. Notre rôle c’est d’accompagner à concrétiser une idée en gardant en tête la règle des 3 U : utile, utilisable et utilisé.

Cela peut-être de l’accompagnement en recherche et développement, en connaissances viticoles, œnologiques ou microbiologiques.

Nous proposons aussi des services de laboratoires mais aussi des formations complètes pour le viticulteur, les entreprises et les fournisseurs du secteur. Ces formations continues permettent de monter en compétences ou de réactualiser des savoir-faire.  Elles peuvent porter à titre d’exemple sur le matériel végétal, la pulvérisation, la microbiologie des sols, les nouveaux produits (no-low = vins sans alcool), les arômes des vins, le matériel vinicole… Nous délivrons près d’une cinquantaine de formations par an à environ 800 stagiaires.

Les formations IFV + dédiées aux entreprises de la filière.

Depuis 2023, l’IFV est aussi engagé RSE au niveau confirmé. Nous nous devons d’être exemplaires pour la filière et pour les entreprises partenaires.

 

Aujourd’hui, quels sont les grands enjeux sur lesquels vous travaillez le plus ?

Je vois quatre grands enjeux, qui touchent notamment l’Occitanie.

  1. Le changement climatique et ses aléas

Ils impliquent des travaux sur le « matériel végétal », c’est-à-dire les variétés. On va créer ou adapter des cépages ou porte-greffes aux terroirs, sachant qu’eux aussi évoluent. Il faut repenser notre vignoble dans son paysage depuis la plantation jusqu’aux techniques viticoles et œnologiques. Au-delà, il s’agit aussi de fournir à nos viticulteurs des solutions techniques pour limiter les impacts des aléas climatiques (grêle, gel, coup de chaleur). Celles-ci passent par des partenariats étroits avec les entreprises.

 

  1. L’enjeu environnemental

Pour réduire l’utilisation de produits phytosanitaires, la recherche sur les biocontrôles a bien évolué. Mais le levier principal reste la création de variétés résistantes aux maladies, comme le mildiou ou l’oïdium.

Depuis vingt ans, nous avons développé beaucoup d’outils pour traiter plus intelligemment. Que ce soit en conventionnel ou en bio il y a eu une grande évolution. Aujourd’hui la viticulture se protège de ses bioagresseurs intelligemment grâce aux outils développés.

Dans le cadre de l’IFV Plus, nous commercialisons d’ailleurs les outils innovants développés en interne. Des modèles d’aides à la décision, des études de terroir par exemple pour des syndicats viticoles…

 

  1. Le numérique, la robotique et l’IA

Notre mission, notamment en Occitanie où nous avons des sites experts, c’est de développer des solutions avec les entreprises qui soient adaptées aux besoins des viticulteurs.

L’IFV fait le lien entre les besoins du terrain et les entreprises. Nous lançons des Appels à manifestations d’intérêts auprès des entreprises du numérique et de la robotique sur des sujets très précis, toujours en fonction des besoins remontés par les viticulteurs.

Nous avons un site dédié à cela, labellisé « digiferme » : c’est notre pôle Sud-Ouest, le V’Innopole, implanté sur le vignoble de Gaillac. Nous mettons à disposition des entreprises nos vignes, notre chai et les cerveaux de nos ingénieurs. Nous travaillons également en partenariat étroit avec le Mas numérique basé lui à Montpellier.

 

  1. Les nouveaux produits

Parmi les enjeux, nous travaillons aussi en R&D avec syndicats, interprofessions et caves coopératives sur ce qu’on appelle les nouveaux produits : la désalcoolisation et les vins sans alcool ou à faible degré, les vins effervescents. Ils rentrent de plus en plus dans la gamme proposée par les vignerons. Cela demande pas mal de technicité.

 

 

L’Occitanie est un pôle important de l’IFV. Vous y avez votre siège mais aussi différentes implantations ?

Effectivement nous y avons trois gros pôles d’ingénierie. L’un à Rodilhan dans le Gard, celui de Gaillac dans le Sud-Ouest, et un troisième pôle national Matériel végétal, situé au Grau-du-Roi, où est basé le siège de l’IFV.

Le site du Grau-du-Roi, pôle « Matériel végétal ».

Et autour, nous avons des implantations en lien avec la recherche fondamentale et l’INRAE. À Montpellier sur les questions de génétique et de la pulvérisation. Et à Gruissan pour la partie vinicole, au domaine de Pech-Rouge. Sur ce dernier site, nous avons notamment développé en 2022 un robot de micro-vinifications unique au monde. Il permet de vinifier des très petits volumes (1 litre) et de faire avancer la recherche plus vite. Au-delà de nos projets de recherche, cet outil est notamment mis à la disposition des PME spécialisées dans le secteur de l’œnologie.

 

Robot de micro-vinifications

 

Quelle est votre implication au sein de Vinseo ?

Nous sommes adhérents depuis une quinzaine d’années, depuis que nous avons développé l’accompagnement aux entreprises, aujourd’hui renforcé par IFV Plus.

Notre but est essentiellement d’être en lien avec les entreprises qui fournissent la filière pour connaître leurs besoins et faire remonter les besoins des viticulteurs. Nous sommes là pour aider à la compétitivité de la filière, et donc des entreprises d’Occitanie. Nous participons activement au Conseil d’Administration et avons coorganisé avec Vinseo et ASOI à deux reprises le salon en plein air « Viti, Vini, Vici ».

 

Institut Français de la Vigne et du Vin – Site de Montpellier
361 rue J.F. Breton – BP 5095
34196 Montpellier cedex 5

www.vignevin-occitanie.com

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