Avec plus de 1 300 brevets déposés et plus de 2 000 collaborateurs dans le monde, le groupe Pellenc est l’une des références constructeurs du secteur agricole. Depuis les années 70, l’entreprise née dans le Luberon n’a cessé d’innover pour accompagner les agriculteurs dans la mécanisation. Rencontre avec Juliette Manson, responsable Pôle relations publiques et communication externe et Nicolas Bernard, directeur du Département conseil et ingénierie.

Nicolas Bernard, directeur du Département conseil et ingénierie du groupe Pellenc © Pellenc

Comment le groupe Pellenc a vu le jour, puis évolué ces 50 dernières années ?

Roger Pellenc était fils d’agriculteur et avait une seule idée en tête : faciliter le travail de l’Homme dans la nature. Ses parents étaient viticulteurs dans le Vaucluse. Il a créé l’entreprise Pellenc en 1973. C’est à Pertuis, dans la grange familiale, et par cette branche métier que tout a commencé. Le siège y est d’ailleurs toujours basé.

Cinquante ans plus tard, le groupe Pellenc c’est 2 000 collaborateurs et 350 millions d’euros de chiffre d’affaires.

Entre temps, il y a eu plusieurs transitions : la vente du groupe par Roger Pellenc et le rachat de la société Pera en 2014.

« Nous voulions nous développer le côté cave. L’acquisition de cet acteur majeur de solutions d’ingénierie, fabricant de matériel vinicole, nous permet aujourd’hui d’être le seul groupe à proposer l’intégralité des services et outils allant de la culture de la vigne au process de cave ».

 

Parmi les 1 300 brevets déposés par le groupe, quelles ont été ses inventions phares ?

La première invention de Pellenc est l’écimeuse. Ça a été un succès assez rapide. C’était très innovant pour l’époque. Roger Pellenc s’était aussi intéressé à développer l’outil pour les oliviers. Il y a eu également le sécateur hydraulique, l’attacheur électrique, la prétailleuse ou encore le tri visionique.

 

Visionnaire, le groupe a même été parfois trop en avance sur son temps. C’est ce qui fait aujourd’hui votre force ?

L’ADN de Pellenc c’est l’innovation. Le groupe est reconnu pour ça. Il y a 25 ans, on était pionnier mais en avance sur certains sujets. Les capteurs embarqués par exemple. Ça a été un échec commercial dans les années 1980.

Lors du Sitevi 2023, nous avons présenté notre dernière solution robotique : RX-20. C’est un chenillard interligne autonome à propulsion électrique conçu pour améliorer l’efficacité économique et apporter plus de confort aux viticulteurs. Il s’intègre à l’itinéraire technique d’une exploitation ou d’une CUMA et s’amortit rapidement.

 

 

Vous relancez une nouvelle TRP – Taille Rase de Précision, 10 ans après sa première version. Pourquoi ?

Quand nous avons sorti la TRP il y a une dizaine d’année, il n’y avait pas la crise. Et il y avait encore ce blocage qu’on a connu avec la machine à vendanger trente ans plus tôt. En 2024, nous venons de sortir une version plus accessible, 30 à 40 % moins chère. Celle-ci résout pas mal de problématiques pour des IGP et AOP peu valorisées.

Pellenc estime le gain entre le coût d’une taille manuelle et celui d’une taille rase de précision de 50 % à 90 % par hectare. Elle permet de tailler en 2h avec une repasse manuelle éventuelle de 8h au lieu de 40 à 80 heures (selon le type de taille manuelle). Tout en sécurisant un rendement au plafond des autorisations des AOC.

La TRP est aussi une solution pour limiter les dommages causés par les épisodes de gel. Le temps de taille étant plus rapide que manuellement, les viticulteurs peuvent tailler plus tardivement. C’est également une alternative pour pallier la pénurie de main d’œuvre qualifiée : seule la repasse mobilise du personnel.

 

La clef selon vous pour faire face à la crise, c’est donc d’amplifier la mécanisation ?

Nous avons engagé une démarche de réflexion et de prospective stratégique sur la filière. On assiste à une segmentation encore plus marquée qu’avant. Notamment sur le Languedoc où il y a besoin de produire de la qualité / prix.

Les charges ont augmenté entre 20 et 30 % en moyenne et la valorisation ne suit pas à ce même niveau. L’enjeu pour ceux qui restent c’est donc de produire pour moins cher. Et la réponse à ce casse-tête, c’est la mécanisation totale des parcelles de vignes.

Aujourd’hui, la vendange mécanique de nuit permet aussi de baisser la température des raisins, de faire des économies d’énergie. Le dernier bastion restait la taille manuelle. Nous avons désormais la solution avec cette machine TRP 1.

 

 

Nicolas Bernard, vous êtes arrivés chez Pellenc pour créer une nouvelle activité de conseil et ingénierie au sein du groupe. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Développer une offre globale faisait partie de notre plan stratégique. Les clients étaient demandeurs de conseils, notamment dans le cadre de projets de restructurations.
Nous avons ainsi créé ce service en 2020. Notre force est d’allier expertise métier (viticulture et œnologie) et compétences en ingénierie.

 

Comment est déployé le groupe aujourd’hui dans le monde ?

Nous avons internalisé toutes les activités au sein du groupe : visionique, robotique, électronique, et quand ce n’est pas possible en interne, en se rapprochant de prestataires spécialisés du secteur. Cela permet de rester assez agile.

L’essentiel de la recherche et développement de Pellenc est à Pertuis, aujourd’hui renforcée par le bureau d’études de Florensac. Le groupe compte huit unités de production dans le monde, réparties en fonction des spécificités locales et agricoles où il y a le plus d’expertise.

Nous avons par exemple développé les outils pour la vigne étroite et notamment un enjambeur avec notre filiale en Bourgogne. Plutôt qu’en Luberon où l’on retrouve plutôt des vignes larges. L’arboriculture a quant à elle été développée en Espagne par notre filiale Iberica, principalement pour l’oléiculture où cela est plus efficient.

Les outils espaces verts, qui nécessitent une technologie au lithium-ion, ont orienté l’installation d’une de nos unités en Chine. Nous avons pour projet de rapatrier les assemblages des nouvelles batteries à Pertuis à l’horizon.

 

Pellenc, c’est aussi des outils connectés, un réseau de distribution et des passerelles technologiques entre les différentes cultures.

Nous avons effectivement lancé en 2020 Pellenc Connect, une plateforme de gestion de la data qui rassemble des informations techniques liées au monitoring de la flotte de matériel de vigne et de cave.

Par ailleurs, nous constatons de plus en plus de diversification pour raisons économiques : des vignerons qui réfléchissent à replanter des oliviers et des amandiers au lieu de la vigne ou pour créer des ilots de biodiversité. L’arboriculture semble la bonne complémentarité. Et Pellenc a cette adaptabilité d’appliquer à l’arboriculture ce qu’il a développé pour la vigne.

Au départ concepteur et constructeur, le groupe est aussi devenu distributeur malgré lui là où il y avait des besoins. Nous avons aujourd’hui 4 bases de distribution en Languedoc-Roussillon, 9 en Bordeaux-Charente, 4 autres dans l’est de la France et 4 en Bourgogne. Nous sommes également implantés aux Etats-Unis, en Amérique du Sud, en Afrique du Sud, en Océanie, au Maroc, en Italie, en Espagne, au BENELUX et en Allemagne.

 

 

Qu’êtes-vous venus chercher chez Vinseo ?

Nous sommes adhérents depuis 2018. On est une petite filière. Vinseo permet d’échanger ensemble sur les démarches collectives, l’approche prospective avec l’INRAE, France Agrimer, dont nous sommes partie prenante. C’est une démarche très intéressante d’autant plus qu’on amorce un changement avec la crise. Le réseau nous permet de confronter nos approches stratégiques.

 

PELLENC
Quartier Notre-Dame
Route de Cavaillon
84120 Pertuis
Tél. 04 90 09 47 00

www.pellenc.com

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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