Leader mondial de l’embouteillage, l’Italien GAI innove depuis la fin de la Seconde guerre mondiale. Initialement destiné en majorité aux vins et spiritueux, l’entreprise ouvre de nouvelles parts de marché dans le sans alcool et la bière, notamment. Un bon moyen pour Vinseo de prendre le pouls des nouvelles tendances avec Jean-Christophe Imbert, directeur commercial de la filiale française.
Jean-Christophe Imbert, rappelez-nous l’histoire de GAI, une vraie success story à l’italienne.
La société familiale a été fondée en 1946 près de Turin par le grand-père Giacomo GAI et sa femme Elsa, avec ses deux fils ingénieurs. À l’époque, les éléments de mise en bouteille étaient séparés. Il y avait d’un côté la tireuse, de l’autre la boucheuse. L’idée était de mettre en bouteille des vins de qualité et l’embouteillage a évolué de manière empirique à partir des années 60, 70.
En 1979 la première machine est présentée au salon de Milan, le SIMEI, équivalent du SITEVI. Elle rencontre un succès car c’est la toute première du marché en monobloc de tirage-bouchage et en inox, avec une cadence de 1 000 à 2 000 bouteilles.
Quarante commandes font suite à cette présentation. Dans les années 80, l’usine est transférée sur un nouveau site près d’Alba, dans le Piémont. On est passé d’une petite boutique avec une dizaine de salariés à un développement très important.
Le succès a été immédiat. Et depuis ce temps-là, GAI est leader dans le monde du vin.
Aujourd’hui, nous fabriquons des machines allant de 1 000 à 30 000 cols par heure.
En 13 ans, GAI Italie est passé de 25 à 70 millions de chiffre d’affaires par an. GAI France de 5 à 20 millions. La progression est phénoménale.
Toute est made in Italie ?
Notre force est d’assurer 90 % de la fabrication des pièces des machines directement dans notre usine italienne. Tout est conçu, fabriqué et assemblé dans nos usines.
Le bureau d’études R&D est également basé en Italie, où travaillent une soixantaine de collaborateurs.
De quand date la création de GAI France ?
La filiale française a été ouverte en 1984. C’était le premier site hors d’Italie consacré à la distribution. Il a été implanté en Provence, dans le Var, pour sa proximité avec l’Italie.
Il existe aussi une filiale aux Etats-Unis, et prochainement en Allemagne.
En France une cinquantaine de collaborateurs occupent des postes d’administratifs, de vendeurs, de techniciens (une vingtaine).
Nous sommes spécialisés dans l’ingénierie et l’intégration de lignes complètes d’embouteillage. Le client nous donne un cahier des charges, nous étudions l’implantation, la faisabilité, la cadence, et élaborons une solution clé en mains. Notre cœur de cible est la ligne fixe installée sur site mais nous équipons également les embouteilleurs à façon (prestataires de services) qui représentent environ 10 à 15 % de notre CA.
Ce que nous vendons le plus sont des machines de 1 500 à 10 0000 bouteilles par heure. C’est notre cœur de cible car dans le vin les très hautes cadences sont très rares.
Quelle est votre innovation majeure chez GAI ?
C’est le bec électropneumatique Unica, qui a été conçu en 2013. Ce modèle breveté nous a donné la possibilité d’embouteiller à température ambiante tous types de produits plats ou mousseux. Embouteiller tout modèle de centilisation de bouteille sans avoir à changer de canules a fait exploser nos ventes et nous a permis de doubler la surface de l’usine. C’est ce qui nous a également permis d’ouvrir notre marché traditionnel – le vin – à d’autres produits comme la bière et de toucher des grosses structures. Mais aussi d’embouteiller du sans alcool, marché pour lequel nous avons énormément de demandes et qui nécessite une extrême rigueur pour éviter le départ de fermentation.
Pour les rosés par exemple, en travaillant à zéro O2 dissous, il permet de mieux conserver les arômes fermentaires type thiols, de préserver les couleurs roses et de réduire les doses de SO2 à la mise.
D’autres innovations plus récentes ?
Effectivement nous sommes en train de développer des becs doseurs sur des tireuses volumétriques, qui permettront d’avoir exactement le même volume dans chaque bouteille.
Vous intervenez dans toute la France et bénéficiez ainsi d’une vision globale du secteur vinicole. Pour vous, où sont les dynamiques et quelles régions sont en pertes de vitesse sur le secteur ?
C’est vrai. Il y a malheureusement une région en complète décrépitude, c’est Bordeaux et le Sud-Ouest. Le Val de Loire reste pérenne, quand la Vallée du Rhône réussit à sortir son épingle du jeu.
En Languedoc, il y a toujours ces disparités riches et pauvres, alors que la Bourgogne reste la région la plus riche de France, et l’Alsace reste toujours un petit secteur.
Je dirais que les régions les plus dynamiques sont la Bourgogne et la Provence.
Comment expliquer que la Provence reste n°1 de l’embouteillage ?
La Provence reste un des fleurons du nombre de bouteilles produites grâce au rosé, c’est assez exceptionnel. Cela s’explique par une montée en gamme et en valeur. Et puis une mode du rosé qui ne s’arrête pas, et qui touche les jeunes et les femmes. Le rosé c’est frais et fruité. Il y a ce côté festif, très champagne.
En Provence se concentre énormément d’investisseurs qui construisent des caves rutilantes. Comme les vins rosés sont très fragiles, ils nécessitent des mises en bouteilles très précises.
GAI France intervient aussi dans d’autres régions ou pays francophones ?
Effectivement, pour les brasseurs en Flandres, au Québec où les Anglo-Saxons ont des moyens financiers importants, mais aussi en Afrique, et en France dans les DOM-TOM pour les rhums.
Cette année, j’ai aussi vendu une ligne en Suède chez Thora Vingård, au bord de la mer du Nord. Là-bas, douze domaines ont planté du pinot et du malbec.
Le marché est en train d’évoluer. Quels produits prennent de nouvelles parts de marché sur le vin ?
Le vin reste notre ADN et représente 60 à 70 % du chiffre d’affaires. Mais la brasserie et les spiritueux type rhums et whiskies sont en forte augmentation. Notre nouvelle technologie nous oriente également sur le marché des jus de fruits.
On se diversifie parce que le marché évolue. Lors du Covid nous avons eu un gros coût d’arrêt sur la mise en bouteilles du vin. En 2022, la bière a représenté 55 % du chiffre d’affaires. Le sans alcool, le vin à faible degrés, les pétillants de fruit sans alcool sont en train de faire clairement évoluer le marché, ce qui explique notre croissance permanente.
Pourquoi adhérer à Vinseo alors que vous n’êtes pas basé en Occitanie ?
Nous sommes adhérents depuis huit ans. Tous les membres ont une vision nationale et internationale. Ça nous permet de confronter nos connaissances, de savoir ce qu’il se passe et de partager les informations avec les autres membres. Il faut garder les oreilles ouvertes, tout en s’ouvrant aux autres.
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